Mirage

En 2021, le centre d’art présentait l’exposition Sourcière, premier volet d’une recherche au cours de laquelle le duo -Y- s’était penché sur les traces émotionnelles liées aux conflits de croyances au Pays basque. Dans la continuité de cette enquête, les deux artistes ont été invitées pour une résidence territoriale de deux ans en Alsace, à l’initiative du CEAAC, centre européen d’actions artistiques à Strasbourg. Au fil de plusieurs séjours, et accompagnées par une communauté de sourcier·es et de passeur·euses de feu, les artistes ont parcouru la région — de Strasbourg à Meisenthal — en considérant les différentes strates (géologiques, historiques, énergétiques et symboliques) qui font d’un lieu un espace de pèlerinage, de dévotion ou de soin miraculeux. 

L’exposition “Mirage” présente un ensemble d’œuvres résultant de cette résidence. Elle incarne et donne forme à des pratiques spirituelles et/ou immatérielles en lien avec un territoire spécifique. Ces œuvres, conçues en collaboration avec des artisan·es où le feu joue un rôle central – notamment dans les domaines de la briqueterie, de la céramique et de la verrerie – portent l’empreinte de la main humaine ainsi que celle de la transformation des matériaux. Elles dessinent un paysage invitant les visiteur·euses à s’y aventurer, tel un voyage à travers les ruines ou les vestiges d’anciens lieux de rituels.

Julie Laymond et Ilazki de Portuondo considèrent les événements et figures légendaires comme une substance vivante, dont la réalité émotionnelle traverserait les âges. Elles intègrent à leurs recherches les techniques de rhabdomancie ou de radiesthésie, ces modes divinatoires qui reposent sur la faculté d’objets, comme les baguettes ou les pendules, à percevoir les radiations qu’émettraient certains corps. Dans leur travail conjoint, faits historiques et affects de l’ordre du ressenti se télescopent et se matérialisent dans le champ de la création.

La lettre Y qui donne son nom au duo est l’idéogramme du bâton de sourcier.